Une saga artistique en Pays messin.
Regards croisés sur les familles Kieffer, Thiam, Thiriot
Christiane MASSEL, membre de l’Académie nationale de Metz a prononcé ce vendredi 5 décembre dernier une conférence dans le cadre des Conférences hors les murs de l’Académie.
Le public très nombreux était au rendez-vous pour écouter la passionnante saga des ces trois artistes mosellans.
Cette saga en Pays messin, c’est l’extra-ordinaire histoire commune à trois artistes mosellans : Clément Kieffer, Aimé Thiam et Jean Thiriot. Ils font partie de cette génération née sous l’Annexion qui a payé son tribut lors de la Grande guerre, et qui en a témoigné graphiquement. Bien qu’issus de petites régions limitrophes (Saulnoy, Nied), ils se retrouvent à Metz où ils manifestent leur art respectif durant l’entre-deux-guerres et jusque dans les années 1950-60. Leur particularité, c’est qu’ils se croisent, se fréquentent et qu’au gré de mariages successifs, ils acquièrent des liens de parenté. D’où cette saga, avec une lignée horizontale (les trois aînés) augmentée d’une lignée verticale (« les Thiam »).
J’ai donc engagé une recherche transversale inédite. Alors que les techniques sont différentes (le premier est peintre-graveur, le deuxième marqueteur, le troisième dessinateur-architecte), les thématiques sont communes, axées sur la célébration, la glorification même des paysages, des maisons et des us et coutumes villageois en Pays messin. Ils exaltent aussi la ville de Metz, ses monuments, ses quartiers, mais toujours sous l’angle de l’architecture du passé. Une attitude nostalgique, sans aucun doute, face à l’émergence du monde moderne. Mais contrebalancée, quelquefois, par une modernité formelle, des inventions graphiques inattendues.
On aurait tort de les considérer comme de simples artistes « régionalistes ». Je préfère reprendre l’expression utilisée par André Bellard à propos de Kieffer, mais que l’on peut leur appliquer à tous les trois : des « authentiques mainteneurs mosellans ». Une terminologie qui éclaire le propos et lui confère une connotation positive, quasi scientifique.
Ils sont et restent les témoins éclairés, mainteneurs, et néanmoins transmetteurs, dont la lignée verticale, celle des Thiam, se charge jusqu’à nos jours.

