Jacques OFFENBACH ou le pari d’en rire
Conférence le jeudi 16 mai 2024 à l’hôtel de ville de Metz de Jean-Pierre Vidit, président du Cercle Lyrique de Metz, membre de l’Académie nationale de Metz. Il a été accueilli et présenté par MM. Patrick Thil, adjoint au maire de Metz et Raymond Oliger, président de l’Académie nationale de Metz.
Si l’on évoque le nom du compositeur Jacques Offenbach, il est rapidement associé à la fête, au rire, au champagne. Confusément sa musique sera dite péjorativement « légère ». Ce parti-pris festif ne résiste pas à la réalité. Coexistent, à part égale, dans ses partitions, les couplets hilarants de La Grande Duchesse de Gérolstein qui « aime les militaires » et ceux, désabusés de Métella dans la Vie parisienne qui dénoncent avec férocité les « viveurs ivres de champagne et de faux amours ».
Offenbach nous montre un Paris et, surtout une époque, au double visage. En réalité, un monde qui lui renvoie son image. Surtout celle qui découle de son histoire familiale et affective où de nombreuses blessures le poussent à faire- sur le modèle de Pascal – le pari d’en rire absolument. Il ressemble à la poupée automate Olympia[1] qui obéit jusqu’à se casser. Car la tristesse qui fragilise gît tapie à l’arrière-plan jusqu’à ce qu’il puisse s’y confronter.
Offenbach arrive à Paris en 1833 : il a 14 ans. Il ne connaîtra son vrai succès qu’en 1855[2]. Son premier triomphe en 1858[3]. Vingt ans de galère où, peu à peu, il va construire un personnage que le photographe Nadar décrit en 1858 « comme un coq croisé de sauterelle mâtiné de crevette grise » suscitant un déluge de caricatures. L’homme privé disparaît, à notre insu, dans un éclat de rire partagé pour se cacher derrière l’homme public.
[1] Les contes d’Hoffmann (10/02/1881) donc alors qu’Offenbach est mort depuis trois mois.
[2] Les deux aveugles (5/07/1855)
[3] Orphée aux enfers (21/10/1858)